Thursday, January 12, 2012

La mort du loup

A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,
Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse...


Gémir, pleurer, prier est également lâche,
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler,
Puis après, comme moi, souffre et meurs, sans parler.


--Alfred de Vigny, "La mort du loup"


Avec la vieillesse vient soit l'amertume, soit la résignation, peut-être même les deux (mais alternativement).  J'avoue que je passe pas mal de temps à attendre la mort, tout en la craignant et en voulant la repousser, la refouler loin de moi et des miens.

Mais rien n'y fait.  La mort se tient toujours au rendez-vous--nous guettant et nous poursuivant.  Inutile de fuir--il n'y a pas de sanctuaire.

J'ai souvent envie, face à cette vérité, de râler, de pleurer--ou, des fois, de me saouler pour ne plus y penser.  Tout cela est également con.

Et elle nous aura, la mort, bêtement, sans émotion de sa part, car "c'est comme ça."  Puis, nous disparaîtrons (la plupart de nous) sans laisser aucune trace dans les neiges de l'histoire, effacés et dissous, réabsorbés dans l'univers.

Je peste amèrement contre l'évidente injustice d'un monde sans directeur, mais à la fin, je dois me résigner à l'absurdité que personne ne peut changer.  Quelle blague--mais quelle belle blague--que la vie!



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